On a tous une histoire – Cassandra nous raconte la sienne

Cassandra Trottier

Cassandra Trottier : Le parcours du combattant

Si tu as un rêve, si tu veux vraiment quelque chose, vas-y et ne laisse personne ni quoi que ce soit t’en empêcher.

Petite, je m’amusais à construire des maisons de carton pour mes poupées et j’ai su dès l’école secondaire que je voulais travailler en construction. Je m’étais inscrite au stage coop et une entreprise avait accepté de m’accueillir. Mais à la dernière minute, le stage a été annulé et j’ai dû me réorienter vers un autre domaine qui ne m’intéressait vraiment pas. À l’époque, on m’a laissé sous-entendre que c’était peut-être mieux comme ça, sachant que le milieu de la construction en est un réservé aux hommes…

Une fois mes études secondaires complétées, la construction m’attirait toujours autant. Mais on m’a fortement suggéré de continuer dans le même domaine que le placement que j’avais complété. J’ai su que j’avais choisi le mauvais programme dès que j’ai mis les pieds dans mon premier cours. Heureusement, le personnel de La Cité a été très gentil et m’a informée qu’il n’y avait aucun problème, que je pouvais transférer au programme de construction, aujourd’hui remplacé par le programme de charpenterie-menuiserie. Ce fut si facile que je me suis demandée pourquoi on m’avait découragée pendant si longtemps de prendre la voie que je voulais prendre depuis le début.

Une femme dans un monde d’hommes

Étant une femme, mon parcours en construction n’a pas été de tout repos. Quand j’ai entamé le programme en 2008, il n’y avait qu’une autre fille. Un jour, j’ai contacté un employeur potentiel pour offrir mes services et on m’a dit « est-ce que tu appelles pour ton mari? ». J’ai persévéré malgré les difficultés.

Je tiens d’ailleurs à préciser que j’ai aussi rencontré des personnes généreuses qui m’ont beaucoup soutenue dans mon cheminement. Je pense entre autres à Guy Grimard, un prof super attentif, à Guy Déry, avec qui je me suis inscrite comme apprentie en charpenterie-menuiserie et qui compte désormais parmi son équipe plusieurs femmes, et à Jon Armstrong, qui m’a fait confiance et a influencé ma décision de compléter mon apprentissage et d’obtenir ma certification Sceau rouge en charpenterie.

Même si ce ne fut pas facile, je suis fière de l’avoir fait et je suis heureuse d’avoir évolué dans un métier que j’ai longtemps désiré.

Petit train va loin

À un certain moment, je me suis rendue compte que je voulais pousser ma carrière encore plus loin. J’ai alors entamé un baccalauréat en génie civil et ce fut le début d’une nouvelle aventure.

Aujourd’hui, je suis étudiante au doctorat en génie civil à l’Université d’Ottawa et j’applique mes connaissances en construction sur une base quotidienne. À croire que tous les chemins mènent à Rome – même si je n’avais aucune idée que c’est là que je voulais me rendre!

Je travaille depuis un certain temps sur un projet de recherche qui vise à automatiser le processus d’analyse de la qualité du béton à l’aide de l’intelligence artificielle, que ce soit celui qu’on retrouve dans les ponts, les barrages, les routes ou les fondations de maisons. Je n’aurais jamais pensé que des fissures dans le béton pouvaient être aussi fascinantes!

Grâce à ma recherche, j’ai récemment eu l’honneur d’être sélectionnée pour la Bourse d’études supérieures du Canada Vanier, une récompense fort prestigieuse seulement octroyée à une poignée de personnes à travers tout le Canada. C’est en quelque sorte une reconnaissance de tout le chemin que j’ai parcouru jusqu’à maintenant grâce aux métiers et c’est la preuve qu’il n’y a pas de limite à ce qu’une personne peut accomplir – peu importe son sexe. Il suffit de croire en soi et de persévérer!

Cassandra Trottier est également mentore Academos. Pour en savoir plus ou pour bénéficier de ses conseils, rendez-vous sur le portail.

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