Discours pour la présentation du jonc d'argent

Bonjour et bienvenue à la cérémonie de remise des joncs de l’Institut forestier du Canada – the Canadian Institute of Forestry  à  La Cite collégiale. Je suis heureuse d’être ici pour représenter l’Institut et de participer à votre remise de joncs, laquelle souligne l’obtention de votre diplôme à vous tous, un groupe de personnes qui le mérite vraiment. Je remercie les organisateurs de la cérémonie pour le temps et les efforts qu’ils ont déployés afin d’assurer que cette occasion soit spéciale et qu’elle soit aussi, j’en suis certain, un souvenir mémorable pour les personnes qui recevront le jonc. Ces cérémonies sont une merveilleuse tradition qui existe depuis plusieurs décennies partout au Canada et qui ont lieu dans plusieurs universités, ainsi que dans plusieurs collèges, comme La Cité collégiale, depuis que nous avons mis en œuvre le programme de joncs pour les collèges techniques en 2001.

L’interprétation et la signification du jonc de l’Institut peuvent varier un peu et je souhaite vous présenter son vrai sens et son but, en me basant en grande partie sur son historique, mais aussi sur des concepts et des définitions en évolution en matière de foresterie, de sciences forestières et de gestion forestière. D’un point de vue historique, les tous premiers joncs ont été remis à des étudiants de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) au début des années 1950. Les facultés de foresterie à Toronto, à Québec et au Nouveau-Brunswick ont ensuite jugé qu’il s’agissait d’une excellente idée et ont rapidement adopté la reconnaissance et la cérémonie pour leurs étudiants qui obtenaient leur baccalauréat, comme l’a fait La Cité collégiale. Aujourd’hui, huit universités et 25 collèges offrent des programmes dans les domaines de la foresterie, de l’écologie forestière, de la gestion forestière, des sciences environnementales, de la conservation des ressources naturelles et des sciences du bois, tous des domaines reconnus par l’Institut. En 1967, dans le cadre d’un projet visant à souligner le centenaire du Canada, l’Institut forestier du Canada a officiellement décidé d’assumer la responsabilité du programme de remise des joncs. Ainsi, depuis presqu’un demi-siècle, l’Institut préside ces cérémonies et gère la distribution et la présentation de ces joncs… Depuis son tout début, le but de la remise des joncs est d’offrir un accueil réel et inclusif au sein de la profession et de la pratique de la foresterie, dans son sens le plus large et à l’intérieur de sa définition polyvalente.

Toutefois, il ne s’agit pas d’une bague professionnelle comme telle. Elle ne l’a jamais été et elle ne veut pas le devenir aujourd’hui. Vous serez peut-être surpris d’apprendre que le programme de joncs des ingénieurs décerné aux diplômés des écoles de génie et qui a servi de modèle pour notre jonc a le même type de signification. Dans les faits, cet anneau n’est pas une bague professionnelle. Les tous premiers programmes qui ont été reconnus pour la remise du jonc et plusieurs programmes aujourd’hui forment des personnes qui peuvent ne pas être entièrement qualifiées, du point de vue scolaire, pour devenir membre de l’ordre des ingénieurs forestiers. Malgré cela, ces programmes forment un ensemble de professionnels et de praticiens de la forêt interdisciplinaires et compétents. Le jonc possède plusieurs significations symboliques. Oui, il représente le besoin que nous avons de travailler ensemble au sein d’une famille-fraternité large et ouverte qui reconnaît et qui assure la prise en compte de la réelle nature interdisciplinaire de la forêt. Toute personne qui porte un de nos joncs doit savoir que peu importe son poste, son rang, ses responsabilités ou son affiliation organisationnelle, elle fait quand même partie intégrale d’un groupe qui a reçu une formation rigoureuse dans le cadre d’un programme reconnu par l’Institut et dispensé dans un établissement d’enseignement qui doit respecter des normes et des exigences rigoureuses établies pour obtenir et conserver cette reconnaissance. 

On entend souvent dire que la foresterie n’est pas de la physique nucléaire, que ce n’est pas sorcier … pourtant la foresterie est bien quelque chose d’infiniment complexe – aux aspects économiques importants qui y sont liés depuis son origine et qui sont associés et centrés sur les opérations de récolte, la productivité, la croissance et la régénération sylvicole, se sont ajoutées des connaissances et des exigences en matière d’habitat faunique, de biodiversité, de conservation du sol et de l’eau ainsi que des thèmes sociologiques et culturels vitaux. La foresterie complète et durable inclut maintenant des combinaisons égales de considérations économiques, sociales et environnementales. Les écosystèmes forestiers et les rôles et responsabilités de l’homme pour en faire une utilisation sage tout en maintenant leurs procédés sont effectivement complexes. Je doute que les sciences ou les systèmes produits par les hommes ne dépassent un jour ce qui est propre à la nature. La foresterie moderne est beaucoup trop complexe pour qu’un seul professionnel puisse avoir toutes les réponses ou toute la formation : elle exige de nombreuses connaissances et expertises différentes pour même commencer à essayer de comprendre ou de gérer tous les éléments liés à la forêt. Les connaissances autochtones traditionnelles, l’influence directe et la participation des collectivités des Premières nations dans le secteur forestier commencent tout juste à être reconnues non seulement comme importantes, mais bien comme essentielles.

Les politiques, la planification et les pratiques dans le domaine forestier doivent maintenir un certain équilibre en, notamment, identifiant les conséquences des différentes décisions prises et en connaissant les mesures d’atténuations possibles. Et, il nous incombe collectivement de documenter ces décisions de manière constructive, à l’aide de principes scientifiques éprouvés et de réaliser toutes les activités sur le terrain de façon à fournir le plus grand avantage possible à la population du Canada et du monde, ainsi qu’aux prochaines générations. Nous vivons des moments excitants où le secteur forestier connait des changements positifs palpables. Les forêts offrent de nombreuses possibilités et une grande variété d’emplois et continueront de nous en proposer à l’avenir. Quelle que soit la raison pour laquelle nous utilisons la forêt, nous devons la gérer… l’intérêt pour les forêts urbaines et périurbaines ne cesse d’augmenter; nous sommes maintenant conscients que les parcs et les zones naturelles nécessitent des modes de gestion forestière diversifiés qui intègrent la restauration ou le boisement et qui tiennent compte des cycles de feux, des habitats fauniques et, bien sûr, des utilisations récréatives.

La foresterie industrielle traditionnelle, au sein de laquelle les composantes biomasse et bioénergie croient rapidement, évolue vers une foresterie nouvelle et différente qui ajoutera, aux traditionnels produits du bois, de nouveaux produits à valeur ajoutée. La fibre du bois canadienne est reconnue pour sa valeur et ses propriétés uniques. La foresterie, les ressources naturelles et la gestion de l’utilisation des terres continuent de progresser en vue d’assurer une plus grande intégration et une utilisation de technologies plus avancées, d’outils et d’approches plus écologiques – les modèles spatiaux, les inventaires améliorés des ressources naturelles, la productivité augmentée, la sylviculture intensive, la nanotechnologie. Il existe un besoin toujours réel pour une science forestière rigoureuse, son transfert et son application, qui, ultimement et continuellement amélioreront nos pratiques forestières. Les 30 à 40 années à venir, ces années où vous serez sur le  marché du travail, seront merveilleuses, mais comme pour tous les autres secteurs, elles seront ponctuées de hauts et de bas. Je peux toutefois vous garantir que vous ne voudrez, pour rien au monde, changer de profession…

Aujourd’hui, nous remettrons à chacun d’entre vous, votre jonc de l’Institut forestier du Canada et nous vous prions de le porter avec fierté et humilité… Il représente votre investissement en vous-même. Certains d’entre vous pensent peut-être que vos années d’études postsecondaires représentent un coût, une dépense – considérez-les plutôt comme le plus grand investissement possible que vous pouviez faire en vous-même.  Je pense aussi que votre jonc devrait être le symbole de votre engagement à agir de façon éthique et, d’abord et avant tout, avec professionnalisme… et je tiens à souligner le professionnalisme. Votre jonc ne devrait jamais représenter de quelque façon que ce soit un symbole d’élitisme, de statut spécial ou d’exclusivité. La façon dont on porte le jonc se fait aussi selon certaines traditions très spécifiques. Il doit toujours être placé sur l’auriculaire de votre main dominante – les racines de l’arbre pointant dans la direction de votre cœur et le houppier de l’arbre pointant vers l’extrémité du doigt – ce qui symbolise votre potentiel intérieur de croissance… et bien sûr votre volonté de continuer à grandir. Il symbolise ainsi votre engagement à continuer à apprendre, à vous former et vous perfectionner. 

Je termine en vous transmettant mes sincères félicitations à vous tous ici aujourd’hui de La Cité collégiale au nom du conseil d’administration, du comité exécutif et des membres de l’Institut forestier du Canada et je suis convaincu que je peux aussi vous féliciter au nom de vos familles et amis ainsi que vos collègues ici à La Cité collégiale. Bienvenue au sein de la profession de forestier et de la pratique excitante, complexe, fascinante, exigeante et en continuelle évolution de la foresterie. Vous ne vous ennuierez jamais dans la vocation que vous avez choisie. Et vous aurez toujours un réseau dévoué, compétent et divertissant d’amis et de collègues qui vous soutiendront pour vous fournir des conseils et de l’aide dans le cadre de tous vos projets à venir… C’est ce que notre Institut fournit, ainsi que la possibilité de poursuivre cette merveilleuse tradition à laquelle vous participez activement ce soir et aussi d’appuyer les générations futures de forestiers – vos futurs collègues et amis. Il y a, parmi vos obligations et responsabilités professionnelles, certains éléments-clés comme votre engagement à perpétuer de grandes traditions et à devenir des guides vous-mêmes lorsque votre tour sera venu…  

Merci!

(Voir article : L’Institut forestier du Canada remet des joncs d’argent et une médaille d’or aux diplômés des programmes en environnement forestier )

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