Denis De Carufel (1953 à 2012)

Denis De CarufelJe n’oublierai jamais ma première rencontre avec Denis. C’était à l’automne 2010. J’étais la petite nouvelle, fébrile, parfois hésitante, réalisant encore à peine la chance que j’avais d’intégrer le monde de l’enseignement. Je me rappelle sa poignée de main sincère, si rare aujourd’hui. Son regard rempli de bonté, son accueil chaleureux. Mon instinct ne me trompa pas : La Cité collégiale avait fait de nous des collègues, mais la vie s’occupera de faire de nous des amis.

Au fil des semaines, nos conversations de «cadre de porte» nous permirent d’apprendre à nous connaître et de réaliser que nous partagions de nombreux points communs : l’art, le Cirque du Soleil, les livres que nous avions aimés, l’inspirante ville qu’est New York. L’amitié prend du temps comme tout ce qui compte vraiment dans une vie. Un peu à la manière des bâtisseurs de cathédrales qui avaient intrinsèquement conscience de participer à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes, l’amitié véritable se réfugie au cœur intime des Hommes. Cette cathédrale était en train de s’ériger tranquillement.

Denis était la bonté incarnée. Philosophe, magicien, jongleur à ses heures, professeur, collègue, amoureux, ami, Denis a marqué de bonheur tous ceux et celles qui ont eu le plaisir et le privilège de le côtoyer. À notre époque où règne en maître absolu la performance, la rentabilité et l’efficacité, c’était un cadeau inespéré de rencontrer une personne comme Denis. Un peu comme cette lettre que nous avons cessé d’espérer et qui finalement arrive. Un homme bon, intègre, généreux, sensible et accueillant, plein de délicatesse. Denis possédait l’intelligence du cœur, celle des chemins plus difficiles certes, mais celle des gens vrais, des gens à l’âme pure. Denis participait à la beauté du monde.

Son humour, sa générosité, sa bienveillance, sa grande culture, son souci de la précision et du détail resteront toujours dans nos mémoires comme son sourire et sa chaleureuse présence.  Il a su partager sa passion de l’infographie, du design graphique et du travail bien fait avec des centaines d’étudiants, dans son rôle de professeur à La Cité collégiale. Il a été une source d’inspiration, une aide généreuse et un appui toujours positif pour ses collègues de l’École des médias, des arts et de la communication. Il a contribué aux meilleurs fous rires avec collègues et amis au salon du personnel. Il s’est investi avec rigueur dans les activités du Syndicat du personnel scolaire.

 Je n’ose imaginer la douleur de sa femme, de qui il parlait avec tant de tendresse, de sa famille, de ses amis intimes. J’ai encore de la difficulté à réaliser ce qui est arrivé. J’imagine encore qu’il va débarquer au collège, que je vais le croiser dans la rue par hasard et qu’on va célébrer son retour de sabbatique en 2013.

Pourquoi ? Parce que cette mort n’a aucun sens. Les êtres d’exception comme Denis ne meurent pas si jeunes, surtout pas par un beau dimanche ensoleillé à l’aube d’une année de projets et d’espoir. Je ne vois que noirceur, l’incompréhension est sans limite.

Je sais par contre que la vie est fragile. Notre existence ne représente qu’un claquement de doigts à l’échelle de l’univers. J’ai donc le goût de dire haut et fort «carpe diem», saisissez l’instant présent car c’est véritablement tout ce que nous avons. Le passé n’est plus et le futur n’est pas encore. Tout ce que nous avons c’est ce présent, ce moment éphémère. C’est peut-être le sens à donner à cette perte immense et brutale. Empoignons la vie avec l’énergie du désespoir, de notre condition humaine de mortels. Arrêtons de remettre à plus tard nos rêves les plus chers, prenons le temps de dire à nos intimes que nous les aimons. Vivons chaque jour comme si c’était le dernier. Carpe diem !

Mon cher Denis, ton existence était un phare dans la nuit de notre époque folle. Soit assuré que ta lumière continuera de jaillir dans notre mémoire, dans nos cœurs et dans cette valise de souvenirs que nous trimballons tous. Tu as touché plusieurs vies, c’est peut-être ce que nous appelons les anges. Nous gardons tous et toutes le doux souvenir d’un être tendre, généreux et chaleureux.

Merci pour tout. Ce fut un honneur de te connaître.

Jean-Maurice Lafond et Chantal Maltais

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