Pourquoi les titres de postes freinent-ils les étudiants?

Jean-Philippe Michel est le fondateur de SparkPath, une entreprise dont la spécialité est de préparer les jeunes à leur avenir professionnel. Dans cette série en trois parties préparée avec La Cité, il aborde trois grandes idées reçues, ou mythes, qui empêchent les étudiants d’envisager sereinement leur carrière. Cette semaine, nous parlons de la première idée reçue. Si vous souhaitez recevoir les prochains articles de blogue de notre série, veuillez vous inscrire à notre infolettre.

Combien de titres d’emplois (docteur, ingénieur, pompier, etc.) les jeunes adultes connaissent-ils? 30? Peut-être 50?

Essayons de voir combien de types de postes existent dans le monde. Un millier? Peut-être 5 000? Selon la manière dont on les comptabilise, il pourrait y en avoir jusqu’à 20 000.

Ce que nous venons de mettre en évidence, c’est l’écart important entre les titres d’emplois que les étudiants connaissent et les types d’emploi qui existent réellement sur le marché de l’emploi. Il est alors difficile de répondre à la question : « Que veux-tu faire quand tu seras grand(e)? » La réponse se résume en général à un seul titre d’emploi. Il est vrai que certaines personnes peuvent avoir le même poste toute leur carrière, mais puisque ce ne sera pas le cas de la plupart des jeunes d’aujourd’hui, pourquoi continuer à leur poser la question?

Mythe de carrière : les jeunes devraient choisir une profession pour le restant de leur vie

Avant de limiter les étudiants à une seule profession, nous devrions réfléchir aux éléments suivants :

  • La plupart des jeunes auront plusieurs types d’emploi au cours de leur carrière.
  • Ils connaissent seulement quelques-uns de ces emplois.
  • Ils ont en tête des postes prestigieux, bien payés ou très répandus (par exemple, médecin, ingénieur, avocat, pompier, enquêteur de scène de crime, etc.).
  • De nombreux métiers évolueront dans les années à venir, ou bien n’existent pas encore.

Une nouvelle approche : la méthode Défi

Avant de dépenser des dizaines de milliers de dollars en études collégiales ou universitaires, demandez-vous s’il y a une meilleure façon d’aider votre enfant à réfléchir à son avenir. Il y en a effectivement une : les jeunes doivent envisager leur avenir au-delà des titres d’emplois. Ils devraient réfléchir aux enjeux, aux problématiques et aux questions sur lesquels ils aimeraient travailler. Par exemple, certains élèves souhaiteraient peut-être repenser le système de santé, participer à l’accroissement de l’énergie renouvelable ou bâtir l’école du futur.

Cette nouvelle approche, appelée la méthode Défi, aide les jeunes à voir les choses de manière plus globale en se concentrant sur les défis, les problèmes et les possibilités du monde du travail. Quand les étudiants découvrent et comprennent ces défis en réfléchissant à leur carrière, ils touchent du doigt les enjeux de notre société et ouvrent les yeux sur toutes les possibilités professionnelles qui existent au-delà des emplois classiques, ce qui les motive à définir leur avenir de manière sensée.

En Amérique du Nord, les écoles, les collèges et les universités visionnaires utilisent déjà la méthode Défi. Par exemple, lorsque de futurs étudiants participent aux événements de La Cité, ils ont la possibilité d’essayer la méthode Défi. Elle leur permet de découvrir l’influence qu’ils veulent avoir sur le monde et les programmes d’études qu’ils aimeraient suivre.

L’histoire d’Ana, des marées noires à l’ingénierie

L’exemple d’Ana est celui d’une élève qui s’est éloignée de l’approche classique des titres de postes pour envisager sa carrière en fonction des défis et des nouvelles possibilités. Guidée par un conseiller en gestion de carrière, Ana a d’abord lu un exemplaire du magazine The Economist(qui traite à la fois de questions économiques et politiques), dans lequel on lui a demandé de choisir l’article qui l’avait le plus intéressée. Une fois cet article choisi, elle a réfléchi aux défis et aux initiatives qu’il présentait. L’article évoquait un nouveau type d’algue, utilisé pour nettoyer les eaux polluées par les hydrocarbures. Ana a ensuite décortiqué l’article pour déterminer les défis et les solutions liés au traitement des eaux polluées.

Après avoir circonscrit l’enjeu, Ana a fait des recherches pour savoir quelles entreprises travaillaient sur la question. Elle s’est aussi renseignée, et c’est le plus important, sur la manière dont les entreprises résolvaient ce problème, ce qui l’a conduite à parler aux employés qui travaillaient directement sur le sujet. Cette recherche lui a permis de découvrir le domaine de la science et du génie des matériaux, dans lequel elle a finalement choisi de poursuivre ses études. Cette façon d’explorer les possibilités de carrière a aidé Ana à avoir une approche proactive, centrée sur les solutions. Ces compétences de recherche, d’analyse et de synthèse, qu’elle peut transférer à tous les domaines, lui seront très utiles pour déterminer problèmes et solutions tout au long de sa carrière.

L’aide des parents

Les parents peuvent favoriser cette proactivité en aidant leurs enfants à découvrir des enjeux, des problématiques et des solutions sur lesquels travailler. Lire des magazines, des journaux ou des articles de recherche sur Internet est un bon moyen de le faire. Une fois que les jeunes auront vu toutes les possibilités qui s’offrent à eux, ils réaliseront que le monde a besoin d’eux.

C’est un message assez différent de celui qu’ils entendent actuellement. En fait, de nombreux jeunes sont terriblement angoissés par leur avenir : non seulement ne savent-ils pas ce qu’il veulent faire, mais ils sont aussi conscients du chômage de leur génération, de son sous-emploi et de son désinvestissement au travail.

Découvrir que le monde a besoin d’euxleur apporte une nouvelle énergie pour choisir un parcours collégial ou universitaire. Il est vrai qu’ils doivent travailler fort pour planifier leur contribution au monde de demain, mais quand ils s’y mettent, ils ont vraiment la possibilité de rendre le monde meilleur.

Et vous, de quelle façon utiliseriez-vous la méthode Défi avec votre enfant? Comment vous y prendriez-vous pour aider les jeunes à découvrir les enjeux, les problèmes et les initiatives sur lesquelles travailler?

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