Les Visages de La Cité – Techniques de réadaptation et de justice pénale
Je suis originaire de Kinshasa, au Congo. Je suis arrivée au Canada à l’âge de quatre ans et demi. J’ai vécu un choc lors de mon arrivée. J’ai quitté le Congo parce que le pays était en période de crise gouvernementale et en guerre. Ma mère était trésorière du pays, donc notre famille vivait assez aisément. Nous avions des chauffeurs et des servantes à notre disposition. Mais tout ça a changé lorsque j’ai quitté. Il a fallu que je recommence ma vie qui venait de se faire basculer.
La chose la plus difficile est que je suis arrivée au Canada un an avant toute ma famille. Ce n’était pas seulement difficile pour moi mais aussi pour toute ma famille. Ma mère a dû apprendre à tout faire par elle-même : la nourriture, le bain pour les enfants, le ménage, etc. Il y avait maintenant une déconnexion entre nous deux à cause de ces défis. À l’école, j’ai eu de l’intimidation à cause de mon nom et d’où je venais. On me demandait si je vivais dans une maison de paille en Afrique et plein d’autres idées fausses du genre. C’était dur émotionnellement pour moi.
Nous sommes déménagés à Toronto lorsque ma mère a rencontré son copain. Ce fut un changement drastique dans ma vie. J’étais maintenant au secondaire et m’intégrais assez bien. Cependant, j’ai vécu d’autres défis qui ont été difficiles. Ce copain était abusif envers ma mère. C’était difficile de voir ma mère se faire traiter de la sorte. Je n’étais pas capable d’en parler. En plus, ma sœur aînée est décédée lorsque j’étais en 9e année. J’ai perdu ma meilleure amie. J’étais perdue, renfermée et en crise. Ceci continua tout au long de mon secondaire.
Lorsqu’il fut temps d’aller à l’université, j’ai choisi de partir de Toronto pour revenir à Ottawa. Cet épisode de ma vie n’a pas été facile non plus. Je me suis fait un copain qui était manipulateur. Il a fallu que je travaille pour aider sa famille. Après six mois dans cette position, j’ai décidé d’arrêter. Il a fallu que j’appelle la police pour me sortir de là et ensuite m’installer dans un refuge.
À partir de là, j’ai eu un tournant dans ma vie. J’ai commencé à aller à l’église et me tenir avec un autre cercle. J’ai trouvé mon but dans la vie à ce moment : aider les gens. Malgré cela, je suis retournée à Toronto pour être près de ma famille et encore une fois, les choses ont mal tourné. Ma mère était encore dans une relation abusive avec son copain et moi, je suis tombée encore dans une même relation. J’avais peur de la police à ce moment dans ma vie donc je ne voulais pas les appeler. Je ne savais pas trop comment nous sortir de là. Un jour, j’ai donné un ultimatum à ma mère. Elle m’a fait confiance. Le lendemain, j’ai fait semblant d’aller au travail et je suis déménagée avec ma mère, qui arrêta sa relation avec son copain du même coup.
En même temps, je suis tombée enceinte. J’ai tout de même décidé de garder l’enfant. Cet enfant est un cadeau pour moi. Je savais que je pouvais lui donner tout l’amour que j’ai. Cela m’a poussée à retourner aux études, à foncer et à donner le meilleur à mon enfant. J’ai décidé d’étudier en Techniques de réadaptation et de justice pénale. Je me sens dans mes souliers dans ce monde. Je vois dans les yeux des gens, je les comprends. Je veux être cet outil pour les personnes qui vivent ces choses. Des choses comme moi j’ai vécues et j’avais peur d’aller chercher de l’aide. Je veux leur démontrer que tu peux contrôler ta vie et que tu peux continuer malgré tous les obstacles qui se posent sur ton chemin.