Une nouvelle façon de choisir un programme d’études supérieures

Jean-Philippe Michel est le fondateur de SparkPath, une entreprise dont la spécialité est de préparer les jeunes à leur avenir professionnel. Dans cette série en trois parties préparée avec La Cité, il aborde trois grandes idées reçues, ou mythes, qui empêchent les étudiants d’envisager sereinement leur carrière. Cette semaine, nous parlons de la seconde de ces idées reçues. Vous trouverez la première ici. Si vous souhaitez recevoir le prochain article de blogue de notre série, veuillez vous inscrire à notre infolettre. 

Connaissez-vous de jeunes adultes qui ont du mal à choisir un programme d’études supérieures? Cette situation est assez courante, car plusieurs étudiants disent ne pas être sûrs de leur choix de carrière. En général, pour les aider, on leur conseille de suivre les étapes suivantes : 1) repérer leurs matières préférées; 2) choisir un programme d’études supérieures qui correspond à ces matières; 3) tenter de trouver un emploi en lien avec leurs études.

Une fois embauchés, ils découvrent les vrais enjeux du métier. Certains adorent leur nouvelle réalité; d’autres, non.

L’histoire de Stéphanie

Prenons un exemple hypothétique. Stéphanie (nom fictif), une élève du secondaire, excellait en maths. Par conséquent, on l’a encouragée à poursuivre des études en comptabilité. Une fois celles-ci terminées, elle a appris qu’elle pouvait devenir comptable. Elle a alors envoyé sa candidature à autant de cabinets comptables que possible et a finalement obtenu un poste et entamé sa carrière.

Après avoir acquis de l’expérience, Stéphanie a réalisé en quoi consistait vraiment son travail de comptable. Dans son cas, il s’agissait d’aider les clients à recueillir des données financières exactes afin de prendre de bonnes décisions. Au bout de plusieurs années dans ce poste, elle a également réalisé que ce n’était pas un défi qui l’intéressait réellement et a décidé de changer de carrière.

Mythe de carrière : il faut choisir un programme d’études supérieures en fonction de ses matières préférées

Au lieu d’orienter Stéphanie d’après les matières qu’elle aimait, n’aurait-on pas pu lui proposer une approche plus proactive? Tout d’abord, au lieu de sélectionner ses cours préférés, elle aurait pu choisir un enjeu, une problématique ou une initiative qu’elle voulait approfondir. Puis elle aurait pu trouver des entreprises et des personnes qui travaillaient sur cette question. Ensuite, elle aurait pu se renseigner sur le parcours et les études de ces personnes et voir comment elles en étaient arrivées à leur poste actuel.

Dans cette nouvelle approche, Stéphanie aurait court-circuité le modèle traditionnel de carrière. Au lieu de démarrer son processus de recherche de carrière en s’appuyant sur ses matières préférées, elle aurait commencé par rassembler des renseignements concrets sur le marché du travail : les enjeux, les problèmes et les solutions sur lesquels travailler. Cette nouvelle approche s’appelle la méthode Défi (HYPERLIEN vers l’article 1) et elle a déjà inspiré des milliers d’élèves.

À quoi sert l’école?

Pour de nombreux élèves, la méthode Défi est une façon rafraîchissante de découvrir à quoi sert l’école : à acquérir des connaissances et des compétences qui leur permettront de travailler sur les enjeux qui leur tiennent à cœur. Cette découverte est importante, car elle apporte un éclairage différent sur les études supérieures.

On ne débat plus des mérites de tel ou tel cheminement par rapport à tel autre (aller à l’université plutôt qu’au collège ou en apprentissage). Au lieu de cela, on donne aux élèves la chance de choisir un parcours d’études qui les aidera à approfondir les questions auxquelles ils s’intéressent.

Depuis que je travaille avec des élèves du secondaire, et j’en ai rencontré des milliers, j’ai remarqué que cette approche valorise toutes les contributions et tous les parcours. C’est le genre d’approche dont nous avons absolument besoin, vu tous les emplois passionnants non pourvus dans de nombreux domaines.

Aider un étudiant à choisir un programme d’études

La première étape pour préparer son avenir n’est pas de choisir un titre de poste ou une matière préférée, mais plutôt de prendre conscience de qui l’on est. Tous les élèves gagnent à connaître leurs forces, leurs valeurs et leurs centres d’intérêt. Une fois qu’ils se connaissent mieux, nous pouvons les aider en leur montrant sur quels enjeux, problèmes et solutions ils pourraient travailler. L’une des façons de les aider est d’utiliser les cartes Défi. Si un élève aime particulièrement une matière, ses enseignants et ses parents peuvent l’aider à relier cette matière aux enjeux du monde réel (par exemple, un jeune passionné de biologie pourrait être intéressé d’apprendre qu’il faut approfondir notre compréhension du microbiome humain pour améliorer la santé).

Une fois que l’élève a choisi sur quel enjeu travailler, il est important qu’il réfléchisse aux questions suivantes et en discute : 1) pourquoi a-t-il choisi cet enjeu? 2) comment peut-il aider à faire avancer les choses? 3) que doit-il apprendre pour y arriver? Ensuite, les élèves devraient être encouragés à se renseigner sur les programmes qui peuvent les aider à se préparer. Ils peuvent parcourir le site Web de chaque établissement d’enseignement supérieur ou visiter son campus.

Ce processus aide les élèves à établir une liste de 3 à 5 programmes qui les intéressent. Il est alors important qu’ils en apprennent plus en lisant la description de chaque programme, en se renseignant sur les cours donnés, en parlant avec des étudiants qui suivent ces cours ou en communiquant avec les anciens étudiants du programme. Discuter avec des professionnels qui travaillent sur les questions en lien avec les programmes qui les intéressent les aidera aussi énormément.

Changer de modèle

Utiliser la méthode Défi pour changer la façon dont on construit sa carrière redonne de l’énergie pour choisir son programme d’études. C’est aussi un moyen beaucoup plus pertinent de préparer les élèves au monde de travail. Cette approche met les élèves en position de décider de leur avenir en les exposant aux possibilités réelles du monde du travail et en liant celles-ci aux études.

Depuis l’automne 2018, le personnel de La Cité présente la méthode Défi à chacune de ses rencontres avec de futurs étudiants en Ontario, au Québec et au Nouveau-Brunswick. Résultat? Les jeunes adultes se sentent davantage capables d’influencer le monde qui les entoure et ils ont une meilleure compréhension du lien entre les enjeux sur lesquels ils veulent travailler et les programmes d’études pour y parvenir. Quelles retombées pourrait avoir ce processus innovant sur les jeunes adultes que vous connaissez?

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